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Au Maroc aussi il est interdit de fumer



C’est peut être bon de «tirer» sur une cigarette, mais tout autant nuisible pour la santé. On ne le répètera jamais assez. Aujourd’hui, le danger que représente la cigarette pour la santé est parfaitement établi. La médecine moderne a dressé une liste bien garnie de maladies graves liées au tabac. Des maladies qui ne concernent pas uniquement les fumeurs actifs, mais également les fumeurs dits «passifs».


D’où la légitimité des interdictions de fumer dans les lieux publics ou à usage collectif. Actuellement, plusieurs pays européens ont effectivement introduit cette interdiction. La France, dernière en date, l’a totalement imposée depuis le 1er janvier 2008. Qu’en est-il pour le Maroc? Que ce soit dans les administrations, les cafés ou les discothèques, les fumeurs sont légion. Et pourtant, cette question est en principe résolue depuis 1996, date d’entrée en vigueur de la loi n° 15-91, interdisant de fumer dans les lieux à usage collectif. Cette loi, dont tout le monde semble faire fi, interdit par ailleurs la publicité du tabac dans les lieux publics, et rend obligatoire la mention «le tabac est dangereux pour la santé» sur les paquets de cigarettes. Mais il faut dire que les sanctions appliquées par cette loi ne sont pas dissuasives. Fumer dans un lieu où c’est interdit n’engendre qu’une amende de 10 à 50 DH. Mais encore faut-il qu’il y ait contrôle!

Au Maroc, le phénomène est assez préoccupant. Une enquête réalisée par le ministère de la Santé a révélé que le nombre de fumeurs est de près de 35% de la population masculine âgée de plus de 20 ans. La part de la population féminine est, elle, estimée à moins de 1%, mais cette part est en constante augmentation. Une autre enquête réalisée en 2006 a quant à elle montré que plus de 15% des élèves entre 13 et 15 ans consomment du tabac. L’âge de la première cigarette diffère selon les individus. Près de 13% commencent à fumer avant l’âge de 15 ans. Plus de 48% entre 15 et 19 ans, et près de 37% après 20 ans. Près de 15 milliards de cigarettes sont fumées chaque année (dont une bonne partie provenant des produits de la contrebande). Sans parler du narguilé, dont les «vertus» sont tout aussi nocives.

Certains spécialistes de la santé estiment que le tabagisme est un problème de santé publique dans le Royaume, et que des actions radicales doivent être prises. Malheureusement peu d’efforts de sensibilisation sont fournis. Quelques initiatives sont prises à l’occasion de la journée mondiale contre le tabac (comme le plan de sevrage tabagique en 5 jours lancé par le ministère de la Santé) mais elles sont loin d’être suffisantes. Elles s’apparentent plus à une commémoration annuelle. Même la convention cadre de l’OMC de lutte contre le tabac n’a pas été ratifiée, alors qu’elle a été signée en 2004. Cependant, une grande action de sensibilisation et d’accompagnement s’intéressant aux collèges, lycées et entreprises a été lancée, il y a un peu plus d’un mois, par l’association Lalla Salma de lutte contre le cancer. Elle mobilisera près de 64 médecins, 16 assistantes sociales et infirmières, ainsi que 140 animateurs de groupes. Une action qui devrait être consolidée et complétée par d’autres, vu le nombre de vies perdues chaque année à cause de la cigarette. Selon les chiffres de l’OMS, le tabagisme est la seconde majeure cause de décès dans le monde. Il cause près de 5 millions de décès chaque année. Ce chiffre passera à plus de 8 millions d’ici 2020, dont 70% dans les pays en voie de développement.

Comment décrocher?
Si l’addiction au tabac est des plus faciles à éviter, elle est en revanche des plus difficiles à combattre. Nombreux sont les accros qui n’arrivent jamais à décrocher, même si leur vie en dépend. Au Maroc, ceci est particulièrement vrai. La croyance au «Mektoub» accentue l’opiniâtreté des adeptes. «Si je meurs, c’est que mon heure est venue. La cigarette n’a rien à voir là-dedans», dit-on. Cela dit, même ceux qui veulent arrêter n’y arrivent que rarement. Dernièrement, diverses solutions médicales de sevrage ont été présentées, comme les patchs ou les thérapies comportementales, mais leur efficacité n’a été que partiellement prouvée. Pour arrêter donc, une seule condition: une volonté de fer. Une récente enquête menée par les laboratoires Pfizer aux Pays-Bas a toutefois montré que le recours à l’accompagnement d’un médecin ou d’un professionnel des soins de santé augmentait les chances de réussite (84% des cas). Près de 23% d’entre eux ont par ailleurs affirmé que l’interdiction nationale de fumer a motivé leur décision d’arrêter.

Risques
Le tabac est une sorte de cocktail explosif renfermant près de 4.000 substances identifiées, dont 4 types sont particulièrement nocifs (la nicotine, l’oxyde de carbone, les irritants bronchiques et les carbures polycycliques) et 50 reconnues comme cancérigènes. Une cigarette fumée abrège la vie de 11 minutes. 10 cigarettes par jour diminuent l’espérance de vie de 2 à 3 ans. Les risques de développer un cancer peuvent être de 2 à 10 fois augmentés, selon le type d’infection.

Source : Ahlam Nazih | L'Economiste
05/02/2008

 

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